Le rôdeur plongea ses yeux dans la créature blessée, acculée, restée auprès de la jeune femme que la vie quittait petit-à-petit. Ses poils étaient collés ça et là par la salive et le sang. Lui aussi avait combattu et semblait encore prêt à en découdre avec toute personne qui s’approcherait de sa maîtresse agonisante. Comment prouver à ce gardien infaillible la pureté de leurs intentions, à lui et à l’enfant qui l’accompagnait ? La créature n’avait que son flair pour déterminer s’ils étaient hostiles. Si seulement les animaux avaient bénéficié du même don que lui, soupira le mulan. Malheureusement, les dieux mulhorandis ne s’attardaient que rarement sur autre chose que leurs serviteurs...
Aussi, Locus avait beau tourner et retourner la situation dans son esprit, seules trois possibilités s’offraient à lui. La première et surement la plus sûre, était de faire comprendre au loup qu’ils étaient là pour les aider. Avancer doucement, le laisser se familiariser à leur odeur à tous les deux, pour enfin pouvoir s’approcher de la druidesse inconsciente. Mais les choses ne permettaient pas de laisser le temps ainsi s’égrainer. A chaque seconde qui s’écoulait, à mesure que le liquide vital se rependait sur le sol, la femme s’enfonçait dans une macabre léthargie. Si précipitation n’était pas mère de sûreté, l’ancien paladin ne pouvait s’octroyer le luxe de la prudence, l’heure était à l’action.
Pourtant, pouvait-il attaquer cette bête qui faisait son devoir en protégeant celle qu’il aimait ? Mettre un terme à la vie d’une créature aussi fidèle serait un gâchis sans nom... Que lui restait-il ? Il devait la maitriser, sans la blesser plus. Ou du moins la distraire suffisamment de temps pour qu’Ahmosis puisse soigner la femme au sol... Mais l’enfant savait-il seulement comment s’y prendre ? Et quand bien même il savait faire un garrot, était-il en état de le faire, lui qui y’a quelques instants pouvait à peine tenir debout ? Finalement, peut-être allait-il faire ce qu’il ne voulait pas faire, tuer ce loup qui pourtant ne faisait que ce qu’il pensait juste.
Il commença à s’avancer vers le canidé, le visage trahissant les regrets qu’il avait à le mettre à mort, quand il se rappela son entrevue avec le gnome et les trois bonbons qu’il lui avait confié. Il était resté flous quant à leurs propriétés, mais le paladin décida quand même de miser dessus. Il rengaina son épée et s’adressa à l’enfant à ses cotés, après lui avoir confié les baies qu’on lui avait donné. « Te rappelles-tu de ce qu’est ceci ? C’est un cadeau de ton ami le marchand. A la base, elles étaient pour toi seul, mais peut être pourrais-tu en donner une à cette jeune femme ? Je suis sûr qu’ainsi tu la sauverais de la mort. Imagine, Ahmosis, dès ta première aventure tu deviendrais un héros ! Lorsque j’occuperais le loup, donnes lui en une. Fait la mâcher et avaler et fait bien attention qu’elle ne s’étouffe pas. Prépares-toi, j’y vais. »
Locus aurait aimé un linge épais pour l’enrouler autour de son bras, malheureusement il ne disposait de rien qui aurait pu faire l’affaire immédiatement. Bien sûr qu’il aurait pu ôter sa chemise, mais pour cela, il aurait aussi fallu retirer son armure, et tout cela aurait pris que trop de temps. Tant pis, il devrait donner son bras tel quel, protégé uniquement par la maille... Mais au moins allait-il tester la qualité de sa nouvelle acquisition. Aussi s’approcha-t-il du loup, le bras en avant. « Viens, lui ordonna-t-il. Si tu penses que je vais faire du mal à ta maîtresse, viens. Mords-moi. Au moins, tu n’attaqueras pas celui qui lui sauvera la vie ! »
Locus tente de faire en sorte que le loup l’attaque. S’il ne fait rien, il tente de le prendre en lutte.
_________________ « Tous les mensonges mènent à la vérité. » Fiche de Locus
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