Inuik l’atypique a vu le jour dans une région désertique de landes et de toundras gelées, la Vaasie, et plus précisément dans le Grand Glacier plus connu comme l'antre de la Reine de Glaces, Lyracléa.
Inuik appartient à la race des nains polaires, qui se nomment entre eux les Inugaakalikurits. Il est issu d’une famille de trois enfants : Inuik, Iruik et Ivuik. C’est le petit dernier dans tous les sens du terme et surtout par sa taille. A votre avis combien peut mesurer un nain polaire à la naissance sachant qu’aujourd’hui il ne mesure pas plus de 77cm ? Et surtout il ne pèse pas plus de 22 kilos ceci étant dû peut–être à son addiction que vous le lirez un peu plus bas.
Son enfance malgré un environnement des plus hostiles, se déroule en parfaite harmonie avec les rituels de sa race. A savoir : passer tout son temps à jouer sous l’œil bienveillant de ses parents mais aussi de l’ensemble des adultes. Et il était loin d’être le dernier ! Il adorait jouer avec son frère ainé qui fut très jeune initié de l’art druidique. Il était tout le temps fourré avec lui pour plusieurs raisons : premièrement, il adorait que ce dernier lance le sort de création d’eau lorsque les températures étaient au plus bas de l’année. Cela lui donner l’occasion de créer des mini patinoires où il aimait faire le pitre et glisser en riant de bon cœur. Deuxièmement, cela lui permettait d’assouvir une addiction : en effet, le jeune Inuik adorait les glaçons. Au point où on en vint à le surnommer Inuik Mangeglaçon. Cela le faisait rire de plus belle et il ne s’en offusquait point. C’est peut-être aussi pour cela qu’il ne prit pas davantage de poids...
Avec son autre frère rôdeur, lui aussi plus âgé, ils se chamaillaient souvent. Il y avait entre eux une saine rivalité. Avec lui, il préférait faire des courses de ski et des ballades en raquettes sur les pics surplombants de Novularond - sans trop s’éloigner bien étendu, comme lui répétait sans relâche leur bienveillante mère. Il n’était pas rare de pouvoir croiser des géants de givre dans le coin, race détestée des nains polaires. Et c’est justement au cours d’une de ses escapades que le petit Inuik entendit un cri aigü, et plus précisément un glatissement. Intrigué mais curieux, il s'approcha de l'endroit d’où provenait les bruits. Il y découvrit deux coquilles d’œuf et une petite boule blanche avec un bec tout jaune.

Un aiglon venait de tomber de son nid et appelait sa mère de toutes ses forces...
Son frère Ivuik, le rôdeur, lui intima l’ordre de ne pas le toucher car la mère sentant une odeur étrangère pourrait décider de l’abandonner. Ils se cachèrent, profitant du soleil pour bronzer un peu, attendant patiemment la suite des événements.
Le temps passa, les deux nains avaient les yeux rivés sur le ciel, pas l’ombre d’un vol majestueux d’une femelle aigle. En revanche ces petits cris attirèrent évidemment la faune locale. La neige commença à se craqueler au loin. Le rôdeur comprit vite qu'il y avait danger et que l’aiglon n’était pas la proie : c’était Inuik et lui-même qui étaient menacés ! Jaillissant de sous la neige un remorhaz apparut comme dans les pires cauchemars d’Inuik. Il fallait fuir ou mourir. Le rôdeur fit diversion et Inuik fondit sur l’aiglon, s’en empara et chaussa ses skis pour redescendre au camp, imité par Iruik.
L’aiglon glatissant de plus belle, Inuik et Iruik dévalèrent la pente enneigée à toute vitesse, leurs cheveux longs aux vents, le grand ver magique aux fesses. Ils ne durent leur salut qu’à l’arrivée des deux parents de l’aiglon qui piquèrent sur le remorhaz, et peut-être aussi au fait qu’ils étaient à ski car ces bestioles-là réagissent plutôt aux vibrations des pas. Quoi qu’il en fut réellement, ils ne purent pas voir le déroulement de la lutte entre les volatiles et le prédateur arctique.
Habituellement, les vers sont un met de choix pour les oiseaux de proie mais dans le cas présent, la chaine alimentaire fut inversée. L’aiglon était devenu orphelin... Il regarda Inuik de ses petits yeux jaunes et ouvrit son bec criant famine réclamant sa pitance : il venait, semblait-il, de se désigner une nouvelle maman en ce nain polaire.
Avec un frère rôdeur et un autre druide, les conseils pour l’élever allaient bon train. Il fut assez aisé de le nourrir. Il suffisait de pré-mâcher de la nourriture de la fixer au bout d’un petit bout de bois et de lui caler le bol alimentaire au fond du gosier. Avec un glaçon rajouté par Inuik, ça glissait tout seul ! Un jeu d’enfant et un plaisir pour Inuik de voir la petite boule blanche grandir de jours en jours et perdre son duvet.
C'est son père, en guerrier accompli, lui enseigna les rudiments de son art et la nature, tout aussi rudimentaire des alentours, se chargea du reste. Son père, conscient du physique un peu hors norme de son fils, pensa, pour qu’il se développe davantage, l’endurcir en travaillant la force. Mais, hélas, il n’en fut rien ! Sa mère s’occupa de lui apprendre à lire et à écrire. Mais dans ce coin de Faerun rien n’est bien tranquille très longtemps et c’est surtout une fois adulte que le jeune guerrier en eut la preuve.
Inuik était devenu un guerrier mais il se distinguait des autres grâce à sa petite taille et à son nouvelle monture. Il apprit vite à s’adapter et à transformer ses proportions en qualités de combat. Il pouvait monter son aigle, chose très rare chez des nains plutôt terre à terre - enfin bon... les Inugaakalikurits ont peu de choses en commun avec le reste du Peuple Vigoureux, mais de là à en trouver un dans les airs ? Et pourtant c’est ce qui arriva.
En revanche pour dresser l'animal, ce fut une autre paire de manche : le caractère de la jeune femelle aigle n’était pas des plus malléables. Il lui fallut énormément de patience et de conseils de son frère druide pour parvenir à lui inculquer les six ordres essentiels d’une monture de combat à savoir : arrête, attaque, au pied, garde, protège et viens.
Le temps des doux jeux de sa jeunesse eut tôt fait de se terminer. Le moment était venu de contribuer au bien-être de la communauté, sans que, pour autant, soient récompensées les attitudes particulièrement zélées en la matière. Et, dans le Grand-Glacier, il y avait vraiment de quoi faire, peut-être même trop selon Inuik. Beaucoup de chasse, de protection de territoire… de quoi forger et aguerrir le jeune combattant atypique.
Sa contrée natale fut bientôt fort éloignée de celle qu'il avait connu : depuis l'arrivée de Zhengyi et la création de sa forteresse en 1347 CV, la Vaasie s’était transformée en une nation guerrière de gobelinoïdes, d'orques, de géants, de morts-vivants, de démons, de bandits et d'assassins habiles ayant tous l'ambition de conquérir d'autres nations. Il fallait réagir. Rester sur place et se battre mais aussi prévoir une solution de repli, chercher du soutien, voire s’exiler. Rechercher un autre coin propice à la vie n'allait pas être chose aisée. Et ce fut précisément cette tâche que l'on attribua à Inuik et ses deux frères. Il reçut pour son expédition une superbe selle-harnais faite sur mesures afin de faciliter ses aériennes chevauchées.
Finalement, les trois frangins partirent en ignorant que la liche maléfique Zhengyi le Roi-Sorcier avait déjà été vaincue par un groupe d'aventuriers, causant ainsi la chute de Château-Péril. Ils ne savaient pas que la Vaasie actuelle était retournée à ses anciens amours - à savoir : de nombreux groupes de monstres errants dans le pays sans aucune autorité centrale. Il devait rester néanmoins des tas de bandits et d'assassins dispersés partout dans le pays, préparant leur revanche.
C’est une fois arrivé à la ville de Luskan qu'ils apprirent la nouvelle. Ils étaient venus jusqu’ici car ils avaient entendu parler d’une ile au nord ouest, au-delà de la grande mer, qui abritait l’un des plus haut sommets de tout Faerun. Plus de 7500 mètres ! Et surtout, c'était également un endroit réputé pour être une terre d’accueil pour toutes les races, un endroit de paix où il aurait pu se faire dorer au soleil tranquille, l’un des passes temps préféré des nains polaires. Que fallait-il faire ? Retourner auprès des siens ? Le voyage avait duré tant d’année...
Ses deux frères prirent la décision de rentrer retrouver les leurs mais Inuik, qui avait pris goût à l’aventure, décida de partir de son côté à l'assaut de l'inconnu dans cette nouvelle terre d'asile prometteuse. Chevaucher un aigle ouvre de nouveaux horizons : quand on a un aigle et qu'on peut voler toute une journée sur des dizaines de kilomètres ça vous donne envie de voir autre chose, de découvrir le vaste monde...
Les adieux avec ses frères furent assez émouvants. Uvuik, son frère druide, craignant toujours de le voir faire la pirouette de trop depuis les cieux, échangea un gobelet en glace bleue (qui permettait de conserver une boisson fraiche) contre un talisman de légèreté qui l'empêcherait de s'écraser au sol en freinant magiquement la chute libre. Et Uruik le rôdeur, en fit de même, livrant au benjamin une bride d’aisance. Uluik, à son tour et en retour, leur offrit sa hache naine en glace bleue ainsi que son gobelet de naissance fait dans la même matière.
Les gages de fraternité ayant été échangés, les trois frères, rassurés de se savoir proches les uns des autres au moins par leurs possessions à défaut de l'être physiquement, se prirent dans les bras et se séparèrent pour la première fois de leur vie.